Où l'on découvre qu'il faut chambouler tout notre programme à cause d'un horaire de bus...
Après une bonne nuit de sommeil à Kôbé 神戸, la mâtinée commence mal : le restaurant de l'hôtel est plein et on ne peut pas prendre de petit-déjeuner !! On nous invite à attendre sauf que notre train, lui, ne va pas nous attendre. Avec Amour, on palabre rapidement et on décide de partir à la gare en croisant les doigts que l'on y trouve un café pour prendre de quoi petit-déjeuner.
Grignotage et wifi
Heureusement, il y a un combini dans la gare de Shin-Kôbé 新神戸駅 qui vend tout ce dont on peut avoir besoin. On fait comme pour notre premier jour au Japon : viennoiseries et yaourts. Je fais découvrir à Amour les canettes chaudes. Je repère des gâteaux au thé vert, je regarde Amour avec amour et je les mets dans notre panier.
On prend notre petit-déjeuner dans la salle d'attente de la gare. On n'est pas les seuls à grignoter donc ça va, on ne se fait pas trop remarquer. Moi, si car Amour veut son wifi et il m'envoie me renseigner... Comme toujours, le personnel de la gare se met en quatre pour me donner une réponse mais, comme je m'en doutais, il n'y a pas de wifi qui fonctionne. Il aurait fallu pour cela aller à l'office du tourisme de Kôbé (ce que l'on avait fait la veille mais la dame de l'accueil ne nous en a pas parlé car on ne l'avait pas demandé !)
C'est d'ailleurs le gros reproche que je peux faire à l'encontre des offices du tourisme nippon : ils ne répondent qu'aux questions posées : par exemple, si on se renseigne sur les lignes de bus (comme ce fut le cas à Kyôto), ils nous donnent des super plans, nous expliquent (très bien) comment monter à bord, payer. Si l'on veut d'autres renseignements, comme savoir s'il existe un pass à la journée, comment et où peut-on l'obtenir, il faut demander sauf que si on ne connait pas l'existence de ce pass, comment faire pour avoir l'info ? Seules, la jeune femme du JR Pass à notre arrivée à Narita et celle de l'office du tourisme d'Okayama nous ont fait des suggestions. Ce n'est pas beaucoup. Pour Kyôto, j'ai dû faire la queue deux fois parce que j'avais oublié une question... Peut être que j'aurais dû parler en anglais, faire celle qui n'y connaît rien du tout, je ne sais pas...
Quai numéro zéro
On prend le shinkansen jusqu'à Kyôto 京都 où nous attend notre correspondance pour Kanazawa sur le quai numéro zéro ! La tête d'Amour lorsque je lui ai dis le numéro de quai ! Je savais qu'il existait mais pas Amour. Il me demande alors : "Tu es sûre que ce n'est pas le quai zéro trois-quart ? Si ça se trouve, c'est celui qui va à Poudlard ? Hin, hin, hin..."
On monte à bord de l'express pour Kanazawa. On longe le lac Biwa 琵琶湖 qui scintille au soleil. Je montre à Amour les sommets encore enneigés en lui déclarant fièrement : "c'est là que j'allais skier le week-end !" Il me regarde étonné que l'on puisse trouver des stations de ski sur des hauteurs aussi basses. En même temps, cela n'a rien à voir avec les Trois vallées... Pour comparer, c'est plus petit que le Jardin des neiges de Lans-en-Vercors (pour ceux qui connaissent).
La douche froide
On arrive à Kanazawa et on se dirige tout de suite vers l'agence pour réserver les trajets en bus pour Takayama 高山. Sauf que le seul bus qui n'est pas complet arrive trop tard pour nous permettre le prendre l'autre bus qui doit nous amener dans un coin paumé des Alpes japonaises où débute notre randonnée. Grosse douche froide. Je m'attendais à ce qu'ils mettent d'autres bus comme ils le font d'habitude lorsqu'il y a du monde mais ce n'est pas le cas. Il aurait fallu réserver dès notre arrivée à Tokyo sauf que j'étais dans le coaltard à cause du décalage horaire et qu'on n'a pas eu le temps...
On se dirige vers l'hôtel la mort dans l'âme. Je voulais tellement aller en montagne pour randonner mais je suis surtout inquiète car on n'a pas d'endroit où dormir la nuit suivante.
On arrive à notre hôtel. Là, tout le staff parle anglais même lorsque je leur parle en japonais. C'est un chouia frustrant mais l'avantage, c'est que je n'ai pas besoin de traduire pour Amour. Heureusement, ils ont des chambres de libre pour la nuit suivante. Je respire un peu mais je dois encore annuler la chambre que j'avais réservée plus de quatre mois auparavant.
L'avantage des hôtels de style américain, c'est que le wifi marche à la perfection. Par contre, il faut payer pour tout même pour le thé qui se trouve dans la chambre. J'annule la réservation. Je peux enfin me détendre un peu. On restera plus longtemps à Kanazawa. C'est un mal pour un bien : on commençait à être épuisés et un peu de repos sera le bienvenu. Sauf qu'à ce moment-là, je ne sais pas encore ce qu'Amour me réserve comme surprise !
Le jardin Kenrokuen 兼六園
Rassurés, on part découvrir le jardin Kenrokuen 兼六園 de Kanazawa, un des trois plus beaux jardins du Japon avec le Kôrakuen 後楽園 d'Okayama 岡山 et le Kairakuen 偕楽園 de Mito 水戸. Il est vraiment magnifique, encore plus beau que le Kôrakuen.
Le soleil joue à cache-cache avec les nuages mais on arrive à faire de belles photos. Dès le début du parcours, je découvre une pomme de pin par terre sur le chemin. Ni une, ni deux, je me penche rapidement pour la saisir tout en regardant à droite et à gauche et je la cache dans mon sac.
Amour me regarde avec un mélange d'ironie et de désespoir : ma collection de pommes de pin à la maison s'agrandit à chacune de nos vacances et elle commence à devenir envahissante... D'autant qu'au départ de Miyajima, j'étais sortie du débarcadère pour prendre des photos et j'en ai trouvé pleins que j'ai ramenées avec moi.
Le jardin est somptueux et on prend beaucoup de plaisir à le parcourir du moins au début car, petit à petit, le jardin se remplit de touristes. Il devient de plus en plus difficile de prendre des photos. Surtout aux endroits où il y a encore des cerisiers en fleurs. A un moment, je pose pour Amour devant un cerisier dont les fleurs forment de magnifiques pompons mais il ne peut même pas me photographier car il est sans arrêt sollicité par des touristes qui veulent qu'elles le prennent en photo. Il se retrouve photographe de ces dames à contrecoeur...
Une autre fois, on a essayé de se prendre en photo tous les deux mais les gens n'arrêtaient pas de passer quitte à nous bousculer. J'ai vu Amour s'énerver vraiment. Il était temps de partir.
On rentre tranquillement à pied à travers le parc du château puis le marché couvert de Kanazawa. Mais il est tard et tout est fermé.
En soirée
Une fois à l'hôtel, on profite du wifi comme deux idiots en manque avant de sortir pour notre activité préférée du soir : trouver-un-resto ! On en avait repérés quelqu'uns sur le chemin du retour mais une bonne partie sont fermés pour la soirée. On fait plusieurs centres concentriques autour de notre hôtel. Je meurs de faim pour ne pas changer et je laisse Amour décider du choix de notre restaurant : même s'il ne comprend pas tout, il arrive maintenant à se faire une idée en regardant les photos d'un plat. Il reste néanmoins allergique aux plats en plastique présentés en vitrine, les shokuhin sampuru 食品サンプル.
A ce sujet, j'ai récemment regardé le documentaire de Win Wenders, Tokyo Ga, qui a été tourné en 1983. A un moment, il visite un atelier de fabrication de plats de présentation. A l'époque, ils étaient fabriqués à partir de nourriture qu'ils faisaient tremper dans de la paraffine. De nos jours, ils sont fabriqués en polymères thermoplastiques, à base de chlorure de vinyle pour être précis, car ce matériau résiste mieux à la lumière et serait indestructible. Et passablement cancérigène...
On part se coucher pour une bonne nuit de sommeil car on aura besoin d'être en forme pour affronter la journée de demain (et le sens de l'orientation d'Amour) !
Jour précédent : Hiroshima