On quitte Okayama 岡山 pour se diriger vers Miyajima 宮島, la célèbre île où l'on peut apercevoir le grand torii flottant Ôtorii 大鳥居. Là encore, c'est un endroit très touristique mais, franchement, il en vaut la peine.
Miyajima, l'île au grand torii 大鳥居 et aux morfales
C'était la deuxième fois que je me trouvais sur l'île mais la première où j'ai passé la nuit. Et je ne le regrette pas, Amour non plus. Il commence à apprécier de plus en plus le Japon même s'il ne retient aucun des noms des endroits où nous nous trouvons...
Il était prévu d'aller d'Okayama à Hiroshima 広島 dans un premier temps puis de rejoindre Itsukushima 厳島 (l'autre nom de Miyajima) en soirée pour y passer toute la journée du lendemain. Mais en me rendant sur le site en français des horaires de marée, je me suis rendue compte que l'on avait intérêt à arriver le premier jour à Miyajima car c'était le dernier jour des grandes marées. Au lieu de visiter le Parc de la Paix d'Hiroshima, on est allé directement sur l'île.
Le voyage depuis Okayama ne pose aucun problème car il ne dure qu'une heure et demie et il n'y a que deux changements à faire : un à la gare d'Hiroshima et un second à l'embarcadère pour Miyajima (et le prix du ferry est compris dans le JR Pass). Comme on avait pris nos valises avec nous, on a préféré de ne pas monter au premier étage du bateau (Amour s'est sacrifié au retour mais on n'avait pas le choix : il n'y avait pas de cabines en bas !)
L'hôtel est situé tout proche du débarcadère. On y laisse les valises avant de se diriger vers le temple. Il est onze heures et on est pile à l'heure pour apprécier la marée haute. On a fait la queue pour se faire prendre en photo au bout du ponton du temple Itsukushima 厳島神社, là où on a une très belle vue sur le grand torii. Chacun à tour de rôle se fait prendre en photo par les personnes qui les suivent. Il y a eu un petit flottement lorsque les Japonais se sont rendus compte que l'on était étrangers mais quelques mots en japonais les ont rassurés (enfin, j'espère...)
On continue notre visite. J'ai prévenu Amour de faire attention aux daims car, même si ils ont l'air inoffensifs, ils ne le sont pas vraiment : lors de mon premier séjour, ils ont essayé de me boulotter mon parapluie et ma veste sans y réussir. Par contre, le plan de l'office du tourisme que j'avais à la main s'est retrouvé avec la marque des dents d'un de ces morfales qui en avait arraché un bout...
Il est midi et on avise un restaurant familial plutôt sympa. Amour goutera et appréciera les huitres pânées, spécialités locales (moi, j'ai passé mon tour : lorsque j'étais étudiante, on a étudié les mollusques en biologie animale. Ainsi donc, lorsque je regarde une huitre, je vois la bouche, les intestins... En manger est au-dessus de mes forces...)
Balade en montagne : le mont Misen 弥山
Puis on se dirige vers le téléphérique 宮島ロープウエー pour aller admirer la vue du haut du Mont Misen 弥山 qui surplombe l'île. Aie-je précisé qu'il faisait chaud et humide, ce jour-là ?
Le téléphérique est assez sympa, plutôt vieillot et, comment dire, très optimiste sur la capacité de ses cabines : Elles peuvent contenir de 6 à 8 personnes. On était 7... A un moment, je me suis levée et assise sur les genous d'Amour (qui est vraiment un amour) car j'étais comprimée entre lui et mon voisin... Heureusement, le téléphérique est en deux parties (la seconde, on reste debout) et le supplice fut abrégé pour Amour.
On arrive en haut : je remarque que les personnes attendant pour descendre ont l'air épuisées et que certaines s'essuient le front avec leur mouchoir. Je me dis : "Pas bon signe..."
A peine sortis du téléphérique, on commence déjà à souffrir. Il fait beau et comme on est sur une île, qui plus est en hauteur, tous les facteurs sont réunis pour cramer. Heureusement, la montée se fait dans un sous-bois accueillant. On atteint finalement le premier palier où se trouve le sanctuaire des Amoureux, le Reikadô 霊火堂, où brûle depuis 1.200 ans (selon la légende) le feu éternel, Kiezu no reika 消えずの霊火.
Je n'ai pas fait exprès d'amener Amour à ce temple. Je ne m'étais pas renseignée sur le Mont Misen : je savais juste qu'il y a avait un téléphérique et que l'on pouvait se balader en montagne, voir des animaux et profiter du panorama...
Je profite de cette halte pour faire plein de photos et pour reprendre suffisamment de souffle et de courage avant de monter au sommet du mont Misen où se trouve un observatoire.
Une fois en haut, on profite de son ombre bienveillante et on prend un petit quatre-heure bien mérité. Puis on redescend pour retrouver le grand torii à l'heure de la marée basse. En chemin, on croise un couple puis un groupe de Français qui avaient opté pour la montée à pied. Ils ont eu l'air d'avoir bien souffert car si les chemins de montagne nippons ne sont pas difficiles techniquement, ils sont bien raides. A cela, il faut ajouter l'humidité et la chaleur qui n'aident pas.
On découvre l'existence des mamushi マムシ, des vipères dangereuses mais, franchement, on n'avait pas une très grande envie de s'écarter du sentier pour essayer d'en voir. On a pu contaster l'état des dégâts du typhon de septembre 2005 qui a fait s'effronder une partie de la montagne. En bas, ils ont érigés un tout nouveau temple le long de la chute d'eau, Taki no miya jinja 滝宮神社, juste avant d'arriver sur le Daishô-in 大聖院, un temple d'une rare beauté.
Tout est bouclé !
Pendant notre descente, on a pu apercevoir le torii entouré de nombreuses personnes à ses pieds puisque c'est déjà marée basse. Lorsqu'on arrive finalement en bord de mer, on contaste qu'il y a des policiers partout et que l'accès au torii est bouclé. On est catastrophés !
Je m'approche d'un policier pour lui demander si on peut approcher du bord pour prendre des photos. Ce dernier nous invite à entrer dans le périmètre de sécurité. On descend sur la plage. D'autres policiers nous aperçoivent et commençent à courir en notre direction. Comme on ne savait pas trop si on avait le droit d'être là ou pas, on accélère le pas avec Amour. Oui, je sais, ce n'est pas tous les jours que l'on se fait courser par des policiers nippons dans la vase... Ils nous rejoignent rapidement juste pour nous dire que l'on n'a qu'un quart-d'heure avant d'évacuer. Ils étaient angoissés à l'idée de parler à des étrangers mais je les ai rassurés en leur répondant que l'on avait bien compris.
Là, on se retrouve aux pieds du torii. C'est juste magique ! J'ai pu le toucher et y déposer une pièce sur la partie immergée de son tronc recouvert de coquillages. C'est à ce moment que je me suis rendue compte que les troncs n'étaient pas droits ! Mais le temps passe et on est rapidement invité par mégaphone à quitter les lieux. Les ministres des Affaires étrangères du G7 doivent arriver pour profiter du spectacle du torii à marée basse (mais sans ces manants de touristes qui auraient gâché la photo officielle...)
D'ailleurs, je n'ai jamais vu autant de policiers au même endroit. Lorsqu'on est arrivé, ils étaient assez discrets. Je ne me suis pas posée de questions car c'était dimanche et je me suis dis que c'était sans doute normal compte tenu du grand nombre de touristes présents. C'est en redescendant de la montagne que j'ai commencé à avoir des doutes. Il y en avait dans toutes les rues ! Sans compter les rondes des hélicos au-dessus de nous et les bateaux des gardes-côtes ainsi que des commandos à bord de zodiac (mais ceux-là, on n'a pu les voir qu'après)... Pour être en sécurité, on était en sécurité ! Mais tout ce déploiement n'était pas pour nous !!
On rentre à l'hôtel les chaussures couvertes de vase. Heureusement, les jeunes gens qui tiennent la boutique devant où ils vendent des huitres chaudes nous ont passé un torchon pour nous essuyer. Le spectacle les a bien amusé. Du coup, j'ai vérifié discrètement si le torchon ne sentait pas l'huitre par hasard mais non, pas d'odeur suspecte...
On se change rapidement avant de ressortir pour aller manger.
Et on agite son drapeau !
Sauf que la porte de l'hôtel est fermée ! Les ministres du G7 vont bientôt débarqués et ils doivent passer devant l'hôtel. Le manager parlemente avec les policiers et on nous laisse passer pour se retrouver bloqués côté mer ! Une dame charmante nous propose des drapeaux des délégations. Elle n'a plus de drapeaux japonais mais il lui reste des drapeaux français ! On s'est mélé aux autres personnes et on a agité nos drapeaux lorsque les bus sont passés ! Car nos ministres étaient en bus. Je n'ai vu personne en dehors de l'ambassadrice des Etats-Unis qui était assise devant. Je me moque de croiser des célébrités mais cela reste quand même impressionnant de voir la fille de John Fitzgerald Kennedy en personne. Puis on est partis pour notre activité préférée du soir : trouver un resto !
On n'est pas passé inaperçus avec nos drapeaux mais on n'était pas les seuls. On en a donné un au tanuki qui se trouvait dans l'entrée du restaurant. Je me demande d'ailleurs s'il est encore là bas.
On avait pris la décision d'aller manger tôt et on a eu raison car le restaurant était rapidement plein et il y en avait très peu d'ouvert. En même temps, on aurait pu prendre le ferry mais autant rester sur l'île, c'est beaucoup plus sympa.
On est ensuite allé se balader sauf que tout le secteur autour du temple était bouclé. On ne pouvait photographier le grand torii que de loin.
Le temps d'attendre que la réunion du G7 se termine, on décide d'aller dans un café pour se réchauffer. Sauf qu'on ne le trouve pas. On avise un groupe de policiers qui, aidés de leur lampe-torche qui se trouve sur leurs bâtons rouges lumineux, sont ravis de nous rendre service. Un d'entre eux sort son smartphone pour nous montrer où l'on est exactement et ils discutent entre eux pour nous placer sur la carte que l'on a à la main. Ils devaient s'ennuyer à mort pour s'être mis en quatre pour nous aider !
On trouve finalement le café qui est fermé. On rentre alors à l'hôtel prendre un thé. En chemin, on s'arrête pour acheter un momiji manjû もみじ饅頭 au matcha dans la dernière boutique ouverte sur l'île puis on rentre escortés par les policiers qui gardent la route...
On déguste nos momiji manjû avec du thé et on attend que les ministres s'en aillent... Finalement, vers neuf heures du soir, on voit les lumières rouges (les policiers portaient des gilets avec des leds rouges) qui se déplacent. Enfin débarassés ! On descend pour profiter du spectacle et prendre des photos.
Le voyage continue à Hiroshima
Jour précédent : Okayama et Himeji