Aujourd'hui, le sujet numéro 1 de la presse japonaise est l'annonce de la naissance d'un bébé panda. Cette information peut prêter à sourire mais elle a son importance.
Ces pandas géants ont toute une histoire. Une histoire diplomatique et écologique.
La première raison : cela fait 5 ans qu'il n'y a pas eu de naissance au zoo d'Ueno de Tokyo, Ueno dôbotsuen 上野動物園. Le dernier né (un mâle) n'a pas survécu plus de 6 jours. Ses parents étaient les mêmes qu'aujourd'hui : Rî Rî 力力 et Shin Shin 真真 qui sont arrivés au Japon en 2011 depuis la Chine.
La normalisation des relations diplomatiques avec la Chine
Les premiers pandas géants à avoir été offerts par Pékin l'ont été en l'honneur de la normalisation des relations diplomatiques entre la Chine et le Japon.
Après la visite du président américain Nixon à Pékin en février 1972, le premier ministre japonais Tanaka Kakuei se rend à son tour en Chine où il signe, le 29 septembre 1972, un communiqué commun dans lequel le Japon reconnait la République populaire de Chine comme étant l'unique gouvernement légal chinois et la Chine renonce à toute réparation de guerre. Les relations diplomatiques sont officiellement réétablies entre les deux pays le 5 février 1973.
Cet événement est connu sous le nom de la « diplomatie des pandas », la Chine ayant pour habitude d'offrir des pandas géants comme preuve de son amitié et de sa bonne volonté.
Le mâle Kang Kang カンカン (康康) et la femelle Lan Lan ランラン (蘭蘭) sont présentés au public le 5 novembre 1972. Ils sont arrivés au zoo d'Ueno une semaine plus tôt, le 28 octobre, le temps de s'acclimater.
C'est un succès considérable : une immense queue se forme devant le zoo. Ce jour là, 55.000 entrées sont comptabilisées mais, en raison de l'affluence, seulement 18.000 personnes les pourront les voir !
Des animaux imaginaires
Au Japon, l'arrivée des pandas géants a provoqué un "panda boom" パンダブーム, comme le montre le reportage de la NHK de l'époque . Cette frénésie s'explique par le fait que les pandas étaient considérés à l'époque comme des "animaux imaginaires", maboroshi no dôbutsu 幻の動物.
Un programme d'élevage en captivité
Les actuels pensionnaires du zoo sont Rî Rî 力力 et Shin Shin 真真. Avant eux, il y a eu trois couples de pandas géants.
L'idée d'envoyer des couples de pandas géants était de permettre leur élevage en captivité afin de préserver l'espèce en voie de disparition et de permettre aux Japonais de les voir afin de sensibiliser ces derniers à leur survie.
Je ne tiens pas à polémiquer sur la légitimité des zoos à avoir des animaux en cage ou pas. Je sais par expérience que les animaux sauvages ont une vie beaucoup plus rude dans la nature que l'on veut bien le croire (une simple blessure peut s'infecter et entraîner la mort), que l'habitat naturel des animaux diminue en raison de l'expansion humaine. Je suis en faveur d'une écologie qui sanctuarise des lieux où seuls les animaux auraient le droit de vivre mais permettre à des enfants de voir des animaux vivants les sensibilise plus tard aux problèmes écologiques. Je fais partie des privilégiés qui ont pu voir ces animaux dans leur habitat naturel et je pense que c'est une erreur car on les dérange inutilement en faisant fuir leur proies ou en leur faisant peur : ils peuvent alors se blesser en prenant la fuite.
Rin Rin et Shuan Shuan, le premier arrivé en 1992 (il décède en 2008) et la seconde en 2003 (avant de partir en 2005 dans un zoo au Mexique). Ils n'ont pas eu de descendance.
Le couple le plus fertile est composé de Fei Fei et Hoan Hoan, arrivés respectivement en 1982 et 1980. Ils ont trois bébés Chu Chu, né en 1985 mais décédé 43 heures après, Ton Ton, née en 1986 et qui a vécu jusqu'en 2000, Yû Yû, né en 1988, qui partira en Chine en 1992 au zoo de Pékin.
Fei Fei décède en 1994 et Hoan Hoan, en 1997.
Les tout premiers pandas, Kan Kan est né en novembre 1970 et Lan Lan en novembre 1968. Ils sont encore petits lorsqu'ils débarquent à Tokyo.
Kan Kan et sa balançoire :
Ran Ran avait pour surnom Marugao bijin 丸顔美人, beauté au visage rond...
Le premier décède le 30 juin 1980, la seconde le 4 septembre 1979, sans progéniture.