Le mont Fuji est la montagne la plus haute (3.776 m) et la plus symbolique du Japon. Volcan considéré comme actif bien que sa dernière éruption remonte à 1707, il a inspiré des générations d'artistes de par sa forme conique presque parfaite.
Selon une étude franco-japonaise publiée le vendredi 4 juillet 2014 dans la revue Science, le mont Fuji présente désormais un potentiel éruptif important en raison des perturbations géologiques engendrées par le grand séisme du Tôhoku, Higashi Nihon daishinsai 東日本大震災, du 11 mars 2011.
Non pas un volcan mais trois
C'est en réalité trois volcans qui composent le mont Fuji : le plus ancien, le Komitake 御岳; l'ancien mont Fuji, Ko-Fuji 古富士, et le nouveau, Shin-Fuji 新富士. Le dernier est le plus récent des trois même si l'on estime que le début de ses premières éruptions volcaniques remonte à 10.000 ans. Il a petit à petit recouvert les deux autres volcans pour donner au mont Fuji sa forme actuelle.
Une propriété privée
On l'ignore généralement mais le sommet du mont Fuji (à partir de la huitième station) appartient au temple Fujisan Hongû Sengen Jinja 富士山本宮浅間神社.
Depuis les temps anciens, les montagnes sont considérées comme des lieux hostiles à l'homme, abritant des dieux féroces ou dangereux dont les tengu 天狗, protecteurs des montagnes. Le mont Fuji abriterait le tengu connu sous le nom de Naranibō 陀羅尼坊. C'est le sixième des daitengu 大天狗 du Japon.
Son activité volcanique, sa forêt des suicidés
L'activité volcanique du Mont Fuji est connue depuis l'époque Heian (fin VIIIe et fin XIIe). L'éruption la plus ancienne dont on ait la preuve écrite se serait produite autour des années 720. On en trouve l'évocation dans un poème de Takahashi no Mushimaro 高橋虫麻呂 au sujet du mont Fuji (Fujisan 不尽山, les « neiges éternelles ») tiré du Man'yôshû 万葉集 (759), le plus ancien recueil de poésie du Japon. Dans le recueil historique, le Shoku Nihongi 続日本紀, trois éruptions importantes ont été consignées : le 11 avril 800, en 864 et en 1707.
L'éruption volcanique, funka 噴火, du 25 mai 864 a laissé une immense coulée de lave qui est, de nous jours, recouverte par une forêt d'une grande densité, celle d'Aokigahara 青木ヶ原, connue aussi sous le nom de Jukai 樹海, la « mer d'arbres ». Elle est réputée hantée et, à ce titre, elle est l'endroit le plus populaire au Japon pour se suicider.
Le sommet du Mont Fuji
Le cratère au sommet du mont Fuji est d'un diamètre de 800 m et d'une profondeur de 200 m. Il est prénommé le « bol », O-hachi お鉢. L'altitude du cratère varie selon le côté où l'on se trouve : elle est de 3.776 m (le Kengamine 剣ヶ峰) au sud-ouest et de 3.756 m au nord (Hakusan 白山). Le tour du cratère fait environ 4 km et il faut une heure et demie pour le parcourir.
Il existe au sommet un observatoire météorologique où des mesures sont effectuées depuis 1939. Depuis le 10 mars 1965, on y utilise un radar météo installé au sommet. Le mont Fuji est caractérisé par l'absence d'une activité de fumerolles et de tremblements de terre, ce qui y rend possible des études scientifiques.
Comme le montre le tableau des températures, les températures au sommet du mont Fuji sont extrêmes. Il est fortement déconseillé d'en faire l'ascension en dehors des mois d'été, non seulement en raison de la fermeture des refuges mais aussi des conditions hivernales qui durent près de 8 mois sur 12.
Une montagne sacrée; son ascension, un pélerinage
L'escalade du mont Fuji a débuté comme pratique religieuse vers le XIIe siècle. C'était un haut lieu des cultes montagnards au Japon (sangaku shûkyô 山岳宗教). Les adhérents de la congrégation Fujikô 富士講, une secte syncrétique possédant à la fois des éléments bouddhistes et shintoïstes, considèrent la montagne comme sacrée.
C'est à leur initiative que la montée au sommet a été divisée en dix stations, gôme 号目. Les religieux du temple shintô, Fujisan Hongû Sengen Jinja 富士山本宮浅間神社, dont le bâtiment principal se trouve dans la ville de Fujinomiya 富士宮市, au sud, considèrent la montagne comme sacrée. Elle est personnifiée en une déesse d'une beauté inaccessible, cause à la fois de bonheur (fu[ku] 福) et de compassion (ji 慈).
Les pélerins en faisaient l'ascension vêtus de blanc (byakue 白衣), portant une coiffe traditionnelle (sugegasa 菅笠) et tenant à la main leur bâton de pèlerin, une longue canne au nom de kongô-zue 金剛杖.
De nos jours, de nombreuses personnes montent au sommet juste pour le plaisir d'assister au lever du soleil. Il n'est possible de s'y rendre que de juillet à août.
Une route conduit jusqu'à la cinquième station. De là, il est possible d'atteindre le sommet en cinq heures à pied à condition qu'il n'y ait pas d'embouteillage, ce qui est malheureusement souvent le cas.