Comme la dernière fois, on prend nos billets de train pour aller à Kagoshima juste avant de monter dedans. Sauf que l’on se trompe de voiture et on se retrouve dans celles qui ont des places réservées. J’avais suivi scrupuleusement les indications au sol, comme quoi, il faut quand même se méfier !
Le contrôleur nous repère tout de suite et nous invite à changer de voiture. On le fait rapidement. Le train est quasiment vide et l’on trouve des places sans problème.
Courte escale à Kagoshima
On prend le tram pour aller à l’hôtel. Là, il y a plus de monde qu’à Kumamoto et je décide de me mettre au fond pour ne gêner personne mais je me rends compte rapidement qu’il faudra traverser toute la rame pour sortir. Tant pis. Heureusement, pas mal de gens descendent à notre arrêt donc on a pu traverser toute la rame sans trop de problème sauf que deux Nippons ont réussi à se mettre entre Amour et moi ! C’est la panique ! Amour descend sans payer et le couple de Japonais est catastrophé de nous avoir séparés, le chauffeur regarde dans ma direction affolé d’avoir vu un gaijin descendre tout seul sans payer. Un petit moment de flottement puis tout rentre rapidement dans l’ordre !
On est à Tenmonkan 天文館, le quartier commercial de Kagoshima, pas trop notre tasse de thé à tous les deux mais l’hôtel est légèrement à l’écart. On y passe pour laisser nos valises avant de prendre le ferry pour Yakushima. Je les avais prévenus par email avant donc tout se passe au mieux. On n’est qu’à 10 minutes à pied du terminal de ferry et même si on est en avance, on décide d’y aller et on a bien fait.
Le terminal des ferries pour Yakushima
J’avais réservé le ferry mais il faut prendre les cartes d’embarquement et il y a du monde puisque c’est un jour férié juste avant un week-end de trois jours. On patiente assez longtemps, on papote avec le papy derrière nous qui demande d’où l'on vient. Certaines personnes prennent un temps fou pour juste retirer leurs cartes. Résultat, on n’a que quelques minutes pour déjeuner. Heureusement, il y a un restaurant de ramen dans le terminal. On mange à toute allure, ce qui n’est pas recommandé lorsqu’il s’agit de ramen. Je me suis retrouvée avec un t-shirt plein de tâches. Amour s’est moqué de moi jusqu’au moment où il s’est tâché lui aussi.
Le voyage en ferry est très rapide sauf qu’il faut attacher sa ceinture. Heureusement, j’étais côté fenêtre.
On arrive enfin à Yakushima. On laisse tout le monde descendre. On est fatigué par le voyage et mon pied me fait toujours souffrir.
On passe de suite à l’office de tourisme pour avoir des renseignements sur les bus. Je m’étais déjà renseignée sur Internet mais il est toujours bon de vérifier sur place que les informations que l’on a sont les bonnes. En l’occurrence, j’ai eu raison car je pensais que l’arrêt de bus était proche de l’hôtel alors qu’en réalité il fallait le prendre à un autre endroit. Lorsque l’on va dans un endroit que l’on ne connaît pas : toujours vérifier que l’information est bonne !
On repère un supermarché sur les hauteurs avant de rejoindre l’hôtel qui se trouve en bord de mer. Il faut monter une pente un peu raide mais ça va, on n’a pas nos valises. Seulement, l’hôtel semble être en travaux et tous les balcons sont recouverts d’une sorte de bâche noire. Je ne suis pas contente parce que je n’ai reçu aucun message de l’hôtel à ce sujet. On fait les formalités comme d’habitude et, heureusement, notre chambre n’est pas dans la partie en travaux. On a une vue magnifique sur la mer.
L’hôtel est demi-pension : il n’y a pas beaucoup de restaurants sur l’île et, même si c’est un jour de congés au Japon, il y a peu de touristes. Le repas du soir et le petit-déjeuner sont assurés mais pas celui du midi. L’hôtel propose un bento qui n’est pas terrible. On décide d’aller voir au supermarché si on en trouve sinon on prendra celui de l’hôtel. A ce moment-là, je suis crevée et mon pied me fait souffrir mais il faut faire les courses.
Le supermarché est juste génial : on trouve plein de choses super intéressantes. Pour les bento, il n’y avait pas trop de choix mais ça suffisait largement. On a pris des gâteaux traditionnels au thé vert et mochi que l’on a mangés de retour à Paris. C’est du mochi et j’adore ça. J’inspecte toutes les allées. On trouve du thé vert en sachet. On le prend. On trouve des baguettes super jolies à 100 yens. On les prend. On aura passé un temps fou dans ce petit supermarché mais c’était super intéressant.
On rentre. On a juste le temps de préparer nos affaires pour la randonnée du lendemain que l’on part manger. Le repas est une vraie expérience. On a mangé de tout et même du poisson volant !
Après, je suis allée profiter du onsen. Ce sera l’unique fois que j’ai fait un onsen lors de ce séjour. J’avais des craintes en raison du virus mais je suis bien contente de l’avoir fait même si je me suis lavée avant et après. Amour n’a pas voulu y aller et je n’ai pas insisté.
En route vers la forêt de Yakushima
On est les premiers à prendre le petit-déjeuner car on n’a pas trop de temps si on ne veut pas rater l’unique bus du matin pour Shiratani-unsuikyô-tozanguchi 白谷雲水峡概要, le point de départ des randonnées dans la forêt de Yakushima.
On se dépêche de faire le check-out, on laisse une partie de nos bagages et on part à l’arrêt de bus où l’on arrive avec 15 minutes d’avance…
J’en profite pour attraper des pokémons. On croise un papy d’Osaka qui joue aussi à PokémonGo. On a à peine le temps de parler d’Osaka que le bus arrive.
Celui-ci se remplit de plus en plus à chaque arrêt. Un groupe d’étudiants européens et israéliens dont beaucoup d’espagnols montent à bord et se met en mode « bla-bla non stop » jusqu’au sommet. Heureusement, la route est superbe et on a une vue dégagée de Miyanoura, là où se trouve notre hôtel. On croise un petit singe sur la route. C’était trop rapide pour prendre une photo.
On arrive finalement au terminus. C’est le week-end et il y a pas mal de familles. Tout est bon enfant à part le groupe d’étudiants qui nous bloquent pour prendre notre billet. Comme ils bougent dans tous les sens sans regarder, on attend sagement avec Amour qu’ils se calment un peu. On attend mais ils restent devant le stand de vente. Je me résolue à m’approcher en évitant ceux qui vont d’un groupe à l’autre. On se dépêche de partir sur le sentier en espérant qu’ils ne nous suivent pas.
Balade écourtée en forêt
Il y a plusieurs sentiers et on prend le plus facile car j’ai encore trop mal aux pieds. La balade est très facile et c’est vraiment agréable de se retrouver en montagne sauf qu’il fait un temps magnifique depuis plusieurs jours et le terrain est bien sec. J’aurais bien aimé qu’il pleuve mais bon, vu mon état, c’est sans doute préférable qu’il fasse beau. On termine notre boucle très rapidement. On aura vu deux très beaux spécimens de sugi dont le Yayoi sugi tout tordu et bien vieux.
On y trouve aussi de nombreuses plantes.
Cette forêt possède une atmosphère unique.
On continue ensuite jusqu’au premier pont suspendu. On hésite à aller plus haut. Je peux monter facilement mais les descentes sont hasardeuses car je ne peux descendre que sur un seul pied. On décide de ne pas aller plus loin et on profite d’un banc pour faire un bain de soleil. On met nos casquettes Région Rhône-Alpes de la Coupe Icare et on salue avec le sourire tous les gens qui passent et qui rigolent en nous voyant car j’avais enlevé ma chaussure…
On redescend par un autre chemin et là, ça se corse. Il n’y a plus de chemin sauf des rochers en bord du torrent. J’essaye de faire au mieux mais dès que je pose mon pied par terre, j’ai comme un poignard qui me transperce le pied. Je serre des dents, manque de me tomber dans les rochers et peste contre moi-même d’être incapable de descendre un chemin aussi facile. L’endroit est magnifique mais je n’en profite pas. Je suis presque en larmes une fois le passage des rochers terminé. Les escaliers me donnent l’occasion de souffler un peu mais je suis pressée de redescendre tout en ne l’étant pas car plus on va vite, plus il faudra attendre le bus.
On arrive enfin à notre point de départ. On a au moins deux heures d’attente avant le prochain bus. On en profite pour manger nos bentos achetés la veille au supermarché et on se résigne à attendre. Heureusement, ils ont installé une sorte de hutte qui permet de s’abriter du soleil et de la pluie sauf qu’à l’ombre, puisque l’on est en montagne, il fait frais et dès que l’on est au soleil, on crame.
On se résout à attendre tout en observant ceux qui tournent autour de l’arrêt de bus. Puis un bus arrive très en avance. Comme c’est le terminus, on se dit que c’est normal. Amour stresse un peu et me demande si c’est le bon. Comme il n’y en a pas d’autres, je le rassure mais je vérifie quand même que c’est le bon ! D’autant que, à peine montés, le bus démarre avec 30 minutes d’avance sur l’horaire prévu !! C’est la première fois de ma vie que je vois ça et je m’inquiète quand même. Le plus amusant, c’est que cela nous est arrivé deux fois pendant le séjour.
Lors de la descente, on a pu voir des travaux d’élargissement de la route. En France, en montagne, les travaux sont faits en respect avec la morphologie des lieux (sauf en cas de danger), on fait en sorte de toucher le moins possible à l’environnement sauf cas exceptionnel. En effet, si on modifie une pente, cela peut provoquer des fissures ou des éboulements. Au Japon, ils remblaient la route pour l’agrandir, ce qui serait inenvisageable en France sauf s’il y a déjà eu un éboulement ou un fort affaissement de la route. Au Japon, ils sont respectueux de la nature d’une manière différente qu’en France : soit ils la transforment pour servir au mieux les intérêts économiques et laissent totalement vierges les autres endroits non concernés. En France, on aménage. On évite de trop abimer (je parle des routes, pas des stations de ski) mais on ne laisse que peu d’endroits totalement vierges. Tous les chemins de montagne sont aménagés et il est possible de parcourir la presque totalité des Alpes à pied. Au Japon, il y a une route mais très peu de sentiers de randonnée ou alors sur une superficie bien déterminée.
On arrive rapidement en bas. Un truc amusant nous est arrivé. Enfin, c’est Amour qui en a fait les frais. A un moment, lorsque le bus a pris un virage un peu serré, j’ai glissé vers Amour qui s’est retrouvé en mauvaise posture et qui a failli se retrouver assis par terre au beau milieu du bus. Mais il a pu se rattraper à temps, le pauvre, alors que sa femme était totalement hilare.
A l’arrivée, on part visiter le Yakushima visitor center où l’on peut trouver de l’artisanat local, des boissons locales, tout ce qu’il faut pour la pêche et des souvenirs. Comme à notre habitude, on prend des gâteaux japonais.
L'histoire avec un grand H : oui mais non
On retourne à l’hôtel pour récupérer nos affaires. Je laisse Amour le faire pendant que je me repose dans le salon qui donne sur la mer. Je remarque une île avec un volcan. Je me dis que cela doit être Ibusuki avant de voir un papier qui trainait sur la table basse où sont inscrits tous les noms des îles environnantes qui se dévoilent au fur et à mesure que je fixe mon regard sur elles. Là, je suis surprise du nom de l’île que je voyais. Ce n’est pas Ibusuki. Mon sang d’historienne se glace à la lecture du nom. Je vais sur Wikipédia puis sur Google Map pour vérifier que le nom est bien correct. Et là, il n’y avait pas d’erreur, il s’agit bien d’Iōjima 硫黄島 plus connue sous le nom d’Iwojima… Oui mais non, c'est bien Iōjima mais pas la bonne Iōjima car il y en a plusieurs (le gag !). Celle connue sous le nom d'Iwojima se situe dans l'archipel d'Ogasawara à plus de mille kilomètres au sud de Tokyo, bien loin de là où nous nous trouvons. Comme quoi, il faut toujours vérifier ses sources et même plusieurs fois.
On est très en avance mais on rejoint quand même le terminal du ferry. Il y a peu de monde par rapport à l’aller car on est samedi et le week-end n’est pas fini. Le retour est plus long car on s’arrête à Tanegashima puis à Ibusuki. A Tanegashima, on assiste au décollage d’un hélicoptère qui fait ambulance. La nuit commence à tomber et il est presque impossible de faire des photos en raison du reflet sur les vitres. On a hâte de rentrer à l’hôtel et je me félicite d’en avoir pris un qui soit aussi près du terminal portuaire.
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