Portrait de Mori Arinori 森有礼 (1847-1889), vers 1885, alors qu’il est ministre de l’Education, bunshô 文相 © Kagoshima Prefectural Library, Kagoshima kenritsu toshokan 鹿児島県立図書館Le 12 février 1889, décède Mori Arinori 森有礼 (1847-1889), ancien samurai, diplomate, fervent défenseur de la pensée occidentale au Japon, tout premier ministre de l'Education, monbu daijin 文部大臣 et père du système éducatif japonais moderne.

 

Mori est originaire de l'ancien domaine de Satsuma 薩摩藩 dont sont issus un grand nombre d'hommes d'Etat de Meiji. Il reçoit une double éducation, à la fois japonaise dans l'école pour samurai de sa province, Zôshikan 造士館, et occidentale à la Kaiseijo 開成所, l'école pour les études occidentales, de Kagoshima.

En 1863 (bunkyû 文久 3), il participe à la guerre entre la province de Satsuma et la Grande-Bretagne, Satsu-ei sensô 薩英戦争.

En 1865 (Keiô 慶応1), sur ordre secret des dirigeants de Satsuma, il se rend en Grande-Bretagne pour y étudier les sciences et techniques. Il se rend ensuite aux Etats-Unis où il s'intéresse à la doctrine mystique d'inspiration chrétienne de Thomas Lake Harris (1823-1906).

Il rentre au Japon en 1868 où il occupe, dès son arrivée, différents postes administratifs  au sein du gouvernement de Meiji, d'abord aux Affaires étrangères, puis à l'Education, mais il est obligé de démissionner pour s'être opposé à l'abolition du port du sabre pour les samurai.

En 1870, il est envoyé en qualité que chargé d'affaires, shôben mushi 少弁務使, en poste aux Etats-Unis. Il est le tout premier diplomate japonais affecté à Washington. Il a rang d'ambassadeur même si sa légation n'est pas encore une ambassade (elle le deviendra en 1906).

En sa qualité de premier diplomate japonais, de 1871 à 1873, il fréquente l'intelligentsia politique et intellectuelle américaine et étudie les organismes éducatifs et sociaux des Etats-Unis. Il y publie en anglais ses deux ouvrages les plus significatifs : Liberté religieuse au Japon (shinkô jiyû ron 信仰自由論) en 1872 et Education au Japon (Nihon no kyôiku 日本の教育, 1873).

Il rentre au pays en 1873 où il occupe différentes charges administratives aux Affaires étrangères. C'est à cette époque qu'il fonde avec un groupe d'éminents intellectuels japonais la Meirokusha 明六社, La Société de Meiji 6 (1874). Cette association a pour but de promouvoir les idées occidentales et d'apprendre aux Japonais la manière d'adopter une conduite morale adéquate.

En tant que membre du mouvement des Lumières japonais des années 1870, il milite en faveur des libertés religieuses et pour une éducation laïque. Il prône l'adoption d'un système scolaire moderne, l'abandon de la langue japonaise pour l'anglais, la parité hommes-femmes et l'adhérence de toutes nations au concept de jôri 条理, la raison, et aux principes du droit international. Pour atteindre ces différents buts, Mori recommande un Etat fort et stable soutenu par un système éducatif moderne.

Il développe aussi un centre d'études du droit commercial, le shôhô kôshû-sho 商法講習所 qui deviendra plus tard l'université Hitotsubashi 一橋大学.

En 1879, il est nommé envoyé extraordinaire et plénipotentiaire, tokumei zenken kôshi 特命全権公使, à Londres où il négocie la révision des traités inégaux avec l'Angleterre.

En 1882, il rejoint Itô Hirobumi 伊藤博文 (1841-1909) à Paris et lui présente ses idées sur l'éducation.

Il rentre au Japon deux ans plus tard et travaille comme haut fonctionnaire au ministère de l'Education, le monbushô 文部省.

Lors de la création des nouveaux cabinets ministériels en 1885, Itô Hirobumi, alors premier ministre, le choisit pour être ministre de l'Education, bunshô 文相. Lors de sa magistrature, il met en place un système d'écoles secondaires et d'universités impériales dans l'ensemble du pays et renforce la formation des professeurs.

Mais ses idées progressistes sont mal perçues et le 11 février 1889, le jour même de la promulgation de la Constitution impériale du Japon, dainippon teikoku kempô 大日本帝国憲法, il est attaqué par le nationaliste Nishino Buntarô 西野文太郎 (1869-1889) et décède le jour suivant.