Le petit déjeuner de l’hôtel est excellent mais notre train part trop tôt pour qu’on puisse le prendre. On a plus de la moitié du Japon à parcourir en train (six heures de trajet en tout) donc on est partis le plus tôt possible.

Le parc d'Ueno la nuit

Ce sera kombini pour déjeuner dans le shinkansen. Toute contente, je dis à Amour que l’on risque d’être les seuls gaijin de tout le train car c’est un Nozomi, le plus rapide des Shinkansen, et que les touristes qui prennent le JR Pass n’ont pas le droit de monter à bord (c’est d’ailleurs annoncé à chaque gare). Devinez quoi ! A Kitakyushu, on a un Européen qui s’est assis pile devant nous !

Mon premier Nozomi (espoir en français)

 

Forcément

Après avoir pris notre petit-déjeuner, arrive la nouvelle à laquelle je m’attendais : notre vol de samedi est annulé ! Je me branche sur le wifi du train (merci JR !) et j’essaye de changer de vol. Comme la dernière fois, j'ai un message d’erreur ! J’essaye plusieurs fois. Notre voisin choisit alors ce moment-là pour basculer son siège et impossible de poser mon ordinateur sur ma tablette. Je change de place. Amour est dans tous ses états.

J’essaye de changer de vol tout en rassurant Amour. J’essaye plusieurs fois. Toujours un message d’erreur. J’essaye de contacter KLM. L’avant-veille déjà, c’était impossible de les joindre. A part recevoir un message générique, rien, nada, nothing. Je me démène pour changer de vol. Je me renseigne sur le site de Narita et je vois que notre avion est bien prévu. C’est le bordel. Avec Amour, on prend la décision d’aller directement à l’aéroport afin de voir sur place et d’obtenir des informations fiables.

 

J'aime courir le long des quais (nan)

Le voyage continue tranquillement. Monsieur Fuji n’a pas daigné se montrer (je le savais mais, bon, j’espérais quand même une petite trouée qui n’est pas arrivée). On arrive en gare de Tokyo. On se dirige vers le Narita Express pour l’aéroport sauf qu’une fois à quai, on réalise que l'on n’a pas de billet et les places sont toutes réservées ! Petit instant de panique car notre train arrive bientôt. J’interroge un premier agent puis un deuxième qui m’indique que les distributeurs de billets sont au premier étage. J’abandonne Amour et je grimpe les escaliers à toute vitesse. Une fois en haut, je me dirige au hasard tout en scannant les alentours. J’avise un distributeur sauf qu’il y a une gaijin devant qui semble avoir un problème. Je regarde autour de moi. Pas d’autre distributeur. J’attends fébrilement que la personne devant moi prenne son billet mais elle est en discussion avec un agent. J’attends.

Heureusement, elle part rapidement. Je prends les billets. L’automate me demande quelle place je désire. Je découvre avec joie l'existence du bouton « n’importe où » et j'appuie frénétiquement dessus. Je paye rapidement et je rejoins Amour au moment où notre train arrive sur le quai. Bien entendu, on n'est pas devant le bon wagon donc on pique un petit sprint avec les bagages. Purée ! J’ai passé l’âge de courir dans les escaliers et après les trains ! Une fois à bord, on peut enfin souffler. Avec Amour, on discute de ce que l’on va faire. Je lui réponds que l’on verra une fois sur place selon ce que l’on apprendra. Amour est persuadé que l’on va trouver une agence KLM ouverte. Je suis plus sceptique.

 

Aéroport fantôme

Sur place, on découvre un aéroport vide, trop grand, trop froid. C’est impressionnant. Je recherche un stand KLM. On se retrouve vers les bornes d’enregistrement mais personne comme je m’y attendais. Je me dirige vers le bureau d’information et là, je demande des renseignements, le tout en anglais. J’étais tellement en colère contre KLM que j’étais incapable de parler en japonais, l’anglais me permettait de canaliser ma colère sans l’exprimer. Les trois jeunes femmes de l’accueil ont été très professionnelles. Elles ont vérifié les vols. Le vol de samedi était bien annulé et le vol proposé en remplacement, celui de dimanche était lui aussi annulé.

Narita, le soulèvement des machines

Elles nous donnent le numéro de téléphone de KLM sur Tokyo même si je n’ai aucun espoir et elles nous indiquent où trouver un téléphone public. Comme prévu, impossible de joindre KLM. On a droit à une boîte vocale qui raccroche à la fin. J’avais noté le numéro d’appel de crise de l’ambassade de France. Je les appelle. J’ai une dame charmante au bout du fil qui me demande pourquoi on n’est pas rentrés plus tôt. Je  lui ai dit que l’on était au fin fond de Kyushu et que l’on a mis plus de dix heures pour rejoindre Tokyo. Elle nous informe qu’il reste encore des places sur le vol d’Air France qui part dimanche et on lui indique que le vol KLM de samedi est annulé, ce qu’elle ne savait pas. Dans la soirée, l’ambassade fera un tweet demandant aux Français du vol KLM de réserver le vol Air France et on a suivi leurs consignes. Finalement, on aura eu deux vols d’Air France à l’aller comme au retour alors qu’on aurait dû prendre KLM. Et, vu tout ce qu’ils ne nous ont pas remboursés, ça ne risque pas d’arriver de sitôt.

 

Retour sur Tokyo

Après l’appel à l’ambassade, on rentre sur Tokyo pour aller à notre hôtel. On décide de prendre le bus pour rentrer car c’est beaucoup moins cher que le Narita Express. On a eu raison car il n’y avait pas de circulation et on a mis presque autant de temps pour moitié moins cher. Et on était que tous les deux dans le bus ! Depuis la gare de Tokyo, on a pris la Yamanote (vide) jusqu’à Uguisudani, là où était notre hôtel.

Les autoroutes entre Tokyo et l'aéroport de Narita sont vides

Il est neuf et moderne. Les chambres sont de taille correcte pour le prix.

Uguisudani 鶯谷, le quartier de notre hôtel au nord du parc d'Ueno

Par contre, il n’y a pas grand-chose juste à côté. On décide d’aller manger vers Ueno. En chemin, on tombe sur des joueurs de Pokémongo qui attendaient pour faire un raid devant la baleine du musée des sciences.

La baleine d'Ueno

On le fait avec eux avant de découvrir que l’on est tout près de l’allée des cerisiers en fleur. Je sais qu’ils ont fermé certaines parties du parc mais on peut quand même voir les cerisiers. Amour reconnait l’endroit où l’on s’est rendu la toute première fois lorsqu’il est venu au Japon sauf qu’il n'y a personne.

Les cerisiers d'Ueno comme vous ne les avez jamais vus

Les cerisiers d'Ueno comme vous ne les avez jamais vus

On fait un tour par l’étang de Shinobazu, le long des cerisiers. Tout est fermé mais les gens se promènent autour. Il y a aussi beaucoup de rats ! Mais, bon, c’est leur année !

Balade dans le parc d'Ueno

Balade dans le parc d'Ueno

 Balade dans le parc d'Ueno

On rejoint les environs de la gare d'Ueno alors qu’il fait déjà nuit. Là commence la recherche d’un resto. Je pensais retourner à celui que l’on avait fait la toute première fois mais impossible de le retrouver. On recherche un coin tranquille pour manger mais on est déboussolé par tout ce monde et on tourne en rond pour essayer de trouver quelque chose. Finalement, on trouve un petit bouiboui qui fait des udon. On est trop crevés pour faire les difficiles.

On rentre enfin à l’hôtel où on essaye encore et en vain de changer nos billets d’avion de KLM. Toujours un message d’erreur. On essaye de les contacter. Aucune réponse. Là, je vois le tweet de l’ambassade qui nous conseille de prendre le vol d’Air France de dimanche. On prend les billets et on décide de réserver un hôtel proche de l’aéroport puisqu’on devra faire l’enregistrement des bagages assez tôt. Deux heures après, alors qu’on allait se coucher, KLM nous prévient qu’ils nous ont mis sur le vol AF de dimanche. On ne sait plus quoi faire. On a deux billets pour un même vol. Amour prend la décision de garder les billets Air France alors que je les aurais annulés car il n’a plus aucune confiance en KLM. J’annule les billets KLM en vitesse.

 

Sakura ?

Le lendemain matin, il nous reste une journée à passer à Tokyo. Comme la situation au Japon s’est dégradée entretemps, il est demandé aux personnes de rester chez elles. Qu’est-ce que l’on fait ? On ne peut pas rester à l’hôtel puisqu’on va en changer. Amour suggère de profiter de Tokyo mais en minimisant nos déplacements. Je propose d’aller au Chidoriga-fuchi, les douves près du château impérial, pour admirer les cerisiers, en espérant qu’ils soient accessibles au public. On s’est demandé si on laissait les bagages à l’hôtel ou si on les déposait en consignes à la gare de Tokyo d’où on allait reprendre le bus pour l’aéroport. J’ai préféré les laisser à l’hôtel car si on ne trouvait pas de consignes suffisamment grandes pour nos valises, on risquait de se retrouver coincés avec nos bagages.

On part visiter les douves et, comme à chaque fois, c’est un ravissement. Mais pas de barque cette fois-ci, tout est fermé, même l’accès au Budokan. On profite des cerisiers.

 Les cerisiers du parc Chidorigafuchi 千代田区立 千鳥ヶ淵公園

Les cerisiers du parc Chidorigafuchi 千代田区立 千鳥ヶ淵公園

Les cerisiers du parc Chidorigafuchi 千代田区立 千鳥ヶ淵公園

Les cerisiers du parc Chidorigafuchi 千代田区立 千鳥ヶ淵公園

Les cerisiers du parc Chidorigafuchi 千代田区立 千鳥ヶ淵公園

Comme on a le temps, on va un petit tour au Yasukuni-jinja voisin pour voir les cerisiers mais ils sont beaucoup moins jolis que la dernière fois.

Le Yasukuni jinja 靖国神社

On cherche un restaurant mais on ne trouve pas grand-chose. On décide de se rapprocher de l’hôtel en retournant à Ueno. On découvre un endroit où se trouvent une grande salle commune et plusieurs comptoirs et où l’on peut choisir ce que l’on veut. Pour goûter, je prends un burger chez Lotteria. Je crois que c’est leur Matcha frappé qui m’a attirée... Amour a pris un udon. L’endroit est vraiment sympa car il n’y a pas grand monde et on a pu manger tranquillement avant de trouver un kombini pour acheter le repas du soir ainsi que le petit déjeuner car celui de l’hôtel où l’on devait aller est beaucoup trop cher.

 

On repart vers l’hôtel récupérer nos bagages. Je précise que pour rejoindre la station de métro d’Uguisudani, il faut monter des escaliers pour passer au-dessus des voies de chemin de fer avant d’en prendre à nouveau pour redescendre sur les quais. Pas très pratique avec des bagages mais Super Amour est là et il a pris, à chaque fois, ma valise. J’étais derrière lui admirative de le voir prendre les deux valises, une dans chaque main, dans les escaliers.

 

Retour à Narita pour y passer la nuit

On rejoint la gare de Tokyo. La veille, j’avais repéré où il fallait sortir pour retrouver le terminal des bus. On n’a eu aucun problème : on est sortis au bon endroit et j’ai de suite reconnu l’endroit. On est arrivé pile au bon moment. J’ai acheté les billets avant de monter dans le bus. On n’était pas très nombreux au départ mais plusieurs personnes sont montées au City Air Terminal, une gare routière un peu plus loin. Puis on a repris l’autoroute.

Quand on a donné nos valises, ils nous ont demandés quelle compagnie d’aviation on prenait et par réflexe j’ai répondu Air France sauf qu’on n’allait pas prendre l’avion mais la navette pour l’aéroport. Donc, on n’est pas descendu au bon arrêt et les bagagistes ont d’abord refusé de nous donner nos valises ! On a parlementé quelques secondes. J’ai tout expliqué en japonais même si mes interlocuteurs étaient indiens. Il y a eu un petit flottement et un des agents a décidé de nous donner nos bagages. Pfiouu… Bon, plus qu’à trouver l’arrêt de la navette… On descend aux arrivées, surpris de voir autant de monde. Apparemment, tous les Japonais qui étaient à l’étranger étaient en train de rentrer au Japon. Je trouve rapidement le bon arrêt. Amour : « Tu es sûre ? ». La nuit tombait, il faisait vraiment froid. De la neige était annoncée pour la nuit ! Je m’inquiétais un peu car neige et avion ne font pas bon ménage sauf à Grenoble ou au Canada. Mais bon, notre navette arrive enfin. On entend parler français car il y a des Québécois dans le bus.

On fait le check-in et, alors que toutes les personnes qui sont arrivées avec nous se dirigent vers la droite, on nous invite à aller vers la gauche. Amour s’inquiète. Je crois savoir pourquoi puisque c’est moi qui ait fait la réservation mais je ne dis rien, je laisse Amour découvrir la surprise. Et pour une surprise, c’en est une ! Le site de réservation m’avait proposé d’être surclassée gratuitement et j’ai accepté. On a eu une chambre immense, le double de celles que l’on avait habituellement. Amour s’est exclamé tout fort : « Hé bé ! » lorsqu’il l’a vue. Forcément, ça change !

C’était bien agréable de finir notre séjour mouvementé sur une note joyeuse.

 

Retour surréaliste en France

Le lendemain matin, on a pris la navette de l’aéroport pour rejoindre notre terminal. L’aéroport était vide.

L'aéroport de Narita vide, désert...

J’avais dit à Amour que notre avion allait soit être vide, soit complet. Quand j’ai vu le monde qui attendait, j’ai compris de suite qu’il serait complet. On a fait les enregistrements puis on s’est baladé dans les boutiques qui étaient en train d’ouvrir alors qu’il n’y avait personne dans le terminal. On a pris une petite poupée traditionnelle pour la sœur d’Amour puis on est allé faire les formalités policières.

Ce fut rapide, très rapide sauf que l’hôtesse japonaise a voulu vérifier le contenu de mon sac à main. Elle me demande de l’ouvrir et elle repère la bouteille de gel hydro-alcoolique que j’avais oubliée de sortir puis elle continue à chercher. Je me demande ce qu’elle a bien pu voir qui puisse l’intriguer autant donc je lui demande. Elle me répond « kagi » donc je lui sors mes clefs qu’elle se met à les examiner de près comme s’il s’agissait d’un objet étrange et inconnu. Je réalise alors que ce type de clefs n’existe pas au Japon et je lui explique que ce soit des clefs sécurisées. Elle comprend alors et me laisse finalement passer. Je rejoins Amour qui m’attendait et on part se balader dans les boutiques hors taxes avant d’aller s’asseoir pour attendre l’embarquement.

Pour passer le temps, je vais sur Twitter et tous les Tokyoïtes parlent de la neige qui est tombée sur Tokyo mais à Narita, je suis déçue car on n’a rien eu du tout. Mais ce n’est pas plus mal…

Le vol se passe sans encombre. A la différence avec l’aller, les hôtesses et stewards portent tous des masques et évitent tout contact superflu, ce qui est compréhensible. On a passé notre temps à regarder des films, à boire et à manger pendant presque tout le vol. On n’a pas beaucoup dormi mais comme on devait arriver en fin d’après-midi, cela n’avait aucune importance.

On a eu droit à une petite surprise lors de l’atterrissage à Roissy. C’est amusant car, avec Amour, on s’en est rendu compte quasiment en même temps. Moi : « crabe ! ». Amour : « vent de travers ! ». On était, du moins, le pilote était en train d’atterrir l’avion en crabe en raison d’un vent violent de travers… Juste avant de plaquer l’avion au sol, le pilote le met en ligne avec la piste et on a donc atterri un peu violemment mais, bon, on s’y attendait avec Amour, les autres passagers, moins.

C’est rare d’avoir des conditions aussi mauvaises à l’atterrissage à l’aller ET au retour. C’est la météo qui veut ça, pas les pilotes.

On récupère rapidement nos valises. Amour est soulagé de voir la sienne !

Roissy est vide. Lorsque notre avion a rejoint le terminal, j’ai vu plusieurs avions d’Air France alignés sur la piste. La gare RER est vide. On est moins d'une dizaine dans le RER mais on ne se plaint pas : on en avait un pour rentrer et on n’a pas attendu. On change à Châtelet, vide aussi… On prend la ligne 1. On est 3 personnes dans une rame complète. On sera 4 au maximum.

La ligne 1 totalement vide et nickel propre

On arrive enfin à la maison, les rues sont vides. Pas de bruit. On est dans une ville fantôme.