Sa Majesté chez les Nippons [Épisode 59]

 

— Monsieur le Consul ?

— Consul général…

— Monsieur le Consul général, le lieutenant de police Tsubaki ici présent désire vous parler.

— Que désirez-vous savoir mon brave homme ? dit-il en se tournant vers l’officier de police. Celui-ci, surpris que l’on lui parle dans une langue étrangère qu’il n’avait jamais entendue de sa vie, se tourna vers Konda qui se mit en mode traduction.

— Posez-lui les questions que vous voulez, je traduirais.

— Ah, bon d’accord. Heu, tout d’abord, à quelle heure Madame Ta… Ta… Tatchine a quitté son domicile et comment était-elle ?

— Monsieur le Consul général…

— Ouuiiiiiii ?

— Il aimerait savoir à quelle heure Madame Tatin a quitté votre domicile hier soir et dans quel état se trouvait-elle ?

— Est-ce si important ?

Non, bien sûr se dit Konda à lui-même en baissant ses paupières pour dissimuler son exaspération.

— C’est une question de routine mais chaque détail a son importance.

— Je ne sais plus à quelle heure Tarte Tatin est partie, ni dans quel état elle était. Si vous croyez que je fais attention à l’état d’avancement d’ébriété de cette idiote…

— Aucune idée de l’heure ? demanda le policier. Konda répondit en secouant la tête.

— Avait-elle l’air soûle ? continua-t-il.

— Vous souvenez-vous si Madame Tatin était… était dans son état normal ?

Sa Majesté éclata d’un grand rire sonore. Tous les policiers présents dans la pièce redressèrent leur tête en même temps, leurs yeux grands ouverts fixés sur Cusseaud.

— Son « état normal ». Ah, ah, ah, Konda, mais quel humour ! Quel humour !

Il s’arrêta net lorsqu’il réalisa que tout le monde le regardait. Il adopta alors rapidement une mine sombre plus en adéquation avec les événements qui venaient de se produire.

— Malheureusement… Madâme Tâtin souffrait d’alcoolisme, je ne vous apprends rien. Il est fort possible qu’elle ait été soûle en quittant mon domicile mais…

— Mais ?

— Vous savez bien. Elle était soûle à chaque fois qu’elle quittait le consulat !

Konda se tourna vers le policier et entreprit de tout traduire.

— Madame Tatchine avait des problèmes d’alcool assez importants. Mon responsable ne se souvient pas si elle était alcoolisée ou pas mais cela est fort probable. Vous devriez peut-être interroger le personnel de maison du consul.

— Ils parlent japonais ?

— Ils sont Japonais.

Yokkata-ne ! Tant mieux ! Vous avez un numéro où les joindre.

— Dès que je retourne à mon travail, je vous appelle pour vous les communiquer.

— S’il vous plaît.

— Mais bien sûr, voyons.

Une longue mais rapide litanie de formules de politesse entre les deux hommes mit fin à la conversation de la matinée.

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