Le 10 janvier 1873 (Meiji 明治 6) est promulguée l'ordonnance de conscription, chôheirei 徴兵令.

Cette loi rend obligatoire le service militaire pour les Japonais de sexe masculin. Elle est promulguée en janvier et devient effective à partir d'avril 1873.

Elle fait suite aux insurrections paysannes (nômin ikki 農民一揆) de l'ère Meiji initiées par des samurai 侍 mécontents de la perte de leurs privilèges après la restauration de Meiji. Le gouvernement de l'époque ne disposait pas alors de suffisamment de troupes pour y faire face. Les forces militaires issues des domaines de Satsuma et Chôshû n'étaient pas suffisantes et des voix s'élevaient en faveur d'une armée sous le contrôle direct du gouvernement.

Il a d'abord été envisagé un service militaire basé sur le volontariat mais Ômura Masujirô 大村益次郎 (1824-1869), expert militaire, et Yamagata Aritomo 山県有朋 (1838-1922), ancien leader de la milice privée Kiheitai 奇兵隊, tous deux du domaine de Chôshû, ont plaidé en faveur d'un service obligatoire tel qu'il existait dans la majorité des nations européennes avancées de l'époque et qui a montré son efficacité tant d'un point de vue militaire que financier. La domination des troupes shôgunales, lors des soulèvements qui ont précédé et accompagné la restauration de Meiji, par la Kiheitai qui était constituée non seulement de samurai mais aussi de paysans et de gens du peuple, a aussi joué en leur faveur.

L'armée de conscription a d'abord été élaborée selon le modèle militaire français qu'Ômura Masujirô admirait puis, après la défaite de 1871, selon l'armée prussienne qu'avait étudiée Katsura Tarô 桂太郎 (1847-1913) lors de ses séjours d'étude en Allemagne.

Tout mâle japonais ayant atteint l'âge de 20 ans devait servir son pays pendant 3 ans, à l'exception de certaines catégories de personnels dont les fonctionnaires, les élèves d'écoles nationales ou les chefs de famille. Les individus de petite taille ou ayant une faible constitution physique étaient exemptés.

La conscription rencontra une forte opposition et suscita, à son tour, des émeutes violemment réprimées. Elle fut surnommée « la taxe de sang », ketsuzei 血税.

Le succès de la répression de la rébellion de Satsuma en 1877, Seinan sensô 西南戦争, prouva la valeur de la conscription et elle fut généralisée. Elle sera rénovée en profondeur en 1927 par la loi sur le service militaire, Hei-eki hô 兵役法, qui sera abolie en novembre 1945 lors de l'occupation du pays par les troupes alliées.