Sa Majesté chez les Nippons [Épisode 91]

 

Ce n’est pas pour flatter mon ego mais lorsqu’on envoya de Tokyo un des conseillers lambda de l’ambassade dans l’intention de me demander de réintégrer mon poste de secrétaire auprès du consul général, j’ai été particulièrement flatté. Grâce à moi, un pauvre petit sous-fifre avait pris le shinkansen afin de se rendre dans un village perdu du Kansai dont il n’avait jamais entendu parler de sa vie, dans l’intention de me voir et de me supplier de reprendre mon ancien travail.

Enfin, supplier, le mot est faible. Il s’est roulé par terre devant moi en faisant acte de contrition…

Non, ce n’est pas vrai mais j’aurais bien aimé. Il m’a juste proposé de m’augmenter et il m’a parlé du nouveau consulat qui allait ouvrir très prochainement à Kyoto, soit moitié moins d’heures de transport en comparaison d’Osaka. Et que j’étais un privilégié car, de la totalité de l’équipe, je serai le seul rescapé.

Alors que ma femme me faisait des yeux suppliants pour que j’accepte tout en versant le thé et en minaudant avec notre invité, je pris mon temps avant de répondre. Je me drapais dans ma fierté de samouraï que je n’étais pas et je gardais un visage dur et fermé pendant la quasi-totalité de l’entretien. Je voyais le sous-fifre se décomposer au fur et à mesure de notre discussion. Il commença même à me parler en japonais pour m’amadouer.

C’est là que je mis fin au suspense. L’offre était généreuse et je n’avais aucune raison de refuser. Enfin, si, une ! Pourquoi ne reconnaissent-ils pas, à Tokyo, que c’est moi le véritable consul général de France dans cette partie du Japon ?

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