Sa Majesté chez les Nippons [Épisode 83]

 

— Bonjour Isabelle, c’est Faverges à Osaka. Vous pouvez me passer la compta ? Oui, merci, je patiente… Allô, Serge ? Comment vas-tu ? Oui, tout va bien ici, enfin presque… Je t’appelle à propos du calcul des indemnités de départ du personnel local. J’ai Monsieur Konda, ici présent, qui insiste. Il réclame les textes de lois et le détail des calculs des indemnités. Oui, je sais… Bien sûr… D’accord… On se fait un dîner à mon retour, hein ? Oui, j’espère aussi, très bientôt. Allez, à plus, tchao, salut, bye-bye !

Konda répéta en lui-même : à plus, tchao, salut, bye-bye… Et pourquoi pas, sayonara tant qu’ils y sont ? Ces gaijin sont vraiment bizarre.

Faverges raccrocha tout sourire puis repris son sérieux en s’adressant à Konda :

— Les calculs ont été réalisés à Paris. On ne les aura que ce soir.

— Dans ce cas, je signerai ma feuille ce soir, dit Konda d’un ton sinistre.

— Mon collègue m’a informé que si vous ne signez pas, vous prenez le risque de perdre toute indemnité. Il ne vous restera plus que le poste à Tokyo.

Konda grimaça intérieurement. Il savait que c’était faux mais il n’avait aucun moyen de le vérifier et il savait aussi qu’ils étaient bien capables de le faire. Faverges avait compris que les indemnités l’intéressaient et il usait de ce point de levier pour le faire changer d’avis. Elles étaient particulièrement généreuses et Konda ne pouvait pas risquer de les voir lui passer sous le nez. Même si le risque était minime, il existait quand même.
Restait l’épineux problème du paraphe. Konda avait sa fierté et il n’avait pas envie de signer la lettre. Faverges devait trouver une solution acceptable pour les deux partis rapidement.

— Que fait-on ? On appelle Paris ce soir sachant qu’on n’aura la réponse que demain soir au plus tôt. Après ce sera le week-end. Si on fait traîner, ce ne sera bon pour personne. Vous pouvez très bien signer le document. S’il y a erreur sur le montant des indemnités, on pourra le rectifier plus tard. Le paraphe ne vous engage à rien. Il indique simplement que vous avez été mis au courant de la fermet… de la fusion du poste d’Osaka avec celui de Tokyo et que l’on vous a proposé une offre d’emploi sur Tokyo.

Faverges avait raison mais Konda avait sa fierté. Il prit les feuilles et se mit à les lire tout doucement. Il allait d’un document à l’autre, l’air soucieux, puis changeait à nouveau de page. Il prit le double et se mit à comparer les deux exemplaires. Faverges s’impatientait mais le laissa faire. Il savait qu’il allait signer, le tout était d’attendre.

Vingt minutes plus tard, Konda signa le fameux document. Faverges regarda sa montre : il était presque dix-neuf heures. Il avait encore son rapport à faire pour Tokyo. Il décida de prendre Murakami et Atsumi ensemble, à la grande surprise de Konda :

— Toutes les deux ? Ensemble ? Vous êtes bien sûr ?

— Oui, s’il-vous-plait ?

— Atsumi, Murakami, c’est votre tour.

Dōji ni ? Ensemble ? demandèrent-elles en même temps.

Konda acquiesça de la tête. 

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