Sa Majesté chez les Nippons [Épisode 80]

 

A quinze heures, tout le consulat était là. Il avait été convenu avec le premier conseiller qu’il serait préférable que ce soit l’ambassadeur en personne qui annonce la mauvaise nouvelle et rende la fermeture du consulat officielle. Faverges appela l’ambassade et mit le haut-parleur pour que tout le monde puisse entendre la voix de Pierre-Aymard.

— Mesdames, Messieurs, j’ai reçu aujourd’hui même l’annonce officielle selon laquelle le ministère des Affaires étrangères entérine la fusion des consulats de Tokyo et d’Osaka. Je tiens à vous rassurer : aucun d’entre vous ne va perdre son poste. Il n’est aucunement question d’une fermeture mais bien d’une fusion. Monsieur Faverges va vous expliquer toutes les options qui s’offrent à vous. Il sera votre principal et unique interlocuteur. Si vous avez des questions, je vous prie de les lui communiquer afin qu’il les fasse suivre ici, à Tokyo. Je vous remercie de votre attention et je vous laisse avec votre responsable Monsieur Faverges.

Ce dernier ne perdit pas de temps :

— Fujisaki ? Vous voulez bien me suivre dans mon bureau ? S’il vous plaît ?

Elle n’avait aucune envie d’être la première à aller à l’abattoir mais les autres, trop contents de ne pas être les premiers, l’incitait du regard à entrer dans son bureau.

— Fujisaki, voici le document officiel de la fusion des postes consulaires de Tokyo et Osaka. On vous propose un emploi dans le service des visas à Tokyo. Je vais vous demander de le lire et de le parapher. Ce paraphe n’est aucunement un engagement de votre part. Cela signifie simplement que vous avez pris connaissance du document. Il est en deux exemplaires. Je vous demanderai de les signer tous les deux et de m’en rendre un exemplaire.

Fujisaki prit les documents et commença à les lire. Ils étaient écrits dans un charabia technico-administratif qui était difficile à comprendre mais, après tant d’années à travailler dans un consulat français, elle commençait à s’y faire. Faverges continua :

— Comme vous pouvez le voir, la grille de traitement est légèrement inférieure à celle d’Osaka. Il est impossible de vous proposer un poste au même salaire qu’aujourd’hui car ce dernier serait supérieur à celui de la personne la plus haut gradée du service. Par contre, le ministère s’engage à payer tous les frais de déménagement entre Osaka et Tokyo. Si cette option ne vous convient pas, vous avez droit à de substantielles indemnités de départ si vous nous présentez votre démission. Vous avez quarante-huit heures pour me répondre. C’est-à-dire jusqu’à vendredi soir, dernier délai. Sans réponse de votre part, je considérerai que vous acceptez les indemnités de départ. Avez-vous tout compris ?

— Je… Heu… Oui…

Fujisaki ne savait pas quoi répondre. Faverges en profita pour enfoncer le clou :

— Sachez que vous êtes une privilégiée : il y a très peu de poste à Tokyo et nombreux sont ceux qui désirent y travailler.

— J’ai quarante-huit heures pour réfléchir ?

— Jusqu’à vendredi soir prochain. Sans faute !

Elle se leva. Il la raccompagna jusqu’à la porte puis appela Yamamoto. 

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