Sa Majesté chez les Nippons [Épisode 77]

 

Et le consulat d’Osaka fit grève pour la première fois de son histoire.

Bien entendu, la paralysie d’un poste consulaire aussi insignifiant n’attira pas l’attention de grand-monde à Paris, à l’exception de la sous-direction de l’Extrême-Orient qui prévint le directeur de la direction d’Asie.

Ce dernier relaya l’information au cabinet du ministre s’attirant ricanements et quolibets de ses collègues : c’est où ça Ossaka ? Encore un coin paumé où l’on paye un imbécile à faire du tourisme aux frais du prince. Décidément, ils s’amusent bien à la direction Asie !

Dans le compte-rendu de la réunion des directeurs, la grève d’Osaka fut noyée parmi les problèmes du Moyen-Orient, les prochaines réunions à Bruxelles et une obscure tentative de coup d’Etat en Afrique.

L’information arriva malgré tout jusqu’au directeur du cabinet du ministre qui prit deux minutes de son temps précieux pour s’entretenir avec le directeur de la direction d’Asie.

— Dîtes-moi mon cher : vous avez un consulat en grève au Japon ?

— Il devait normalement fermer dans trois ans mais le décès accidentel de la consule adjointe nous a obligés à accélérer le processus et, suite à des indiscrétions, le personnel local exige des explications.

— Pourquoi attendre pour fermer ce consulat et laisser ces personnes dans l’expectative ?

— Seul le ministre peut autoriser la fermeture d’un poste consulaire.

— Vous avez préparé un mémo en ce sens ?

— Je l’attends de mon sous-directeur.

— Faîtes accélérer le processus.

— Bien entendu.

La parole d’un directeur de cabinet du ministre est magique : un seul mot et tout devient possible.

Le soir même, le mémo était sur le bureau du ministre. En deux secondes, il était lu et signé.

 

C’en était définitivement fini du consulat général de France sis à Osaka, Japon.

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Tous droits réservés © Lou Berthiault pour Aventure Japon