Sa Majesté chez les Nippons [Épisode 72]

 

Faverges sortit du bureau du consul légèrement énervé. Il se retrouvait seul à gérer une situation délicate. L’appui du consul aurait été d’une grande aide mais ce dernier était un vrai salaud. Il se tourna vers Konda, celui-ci était en train de l’épier du coin de l’œil. Il aurait aimé l’attraper par le col et le secouer mais il ne pouvait pas faire grand-chose et son impuissance augmentait son agacement. Il sentit que sa paupière était sur le point de se remettre à clignoter.

— Konda, vous voulez bien me suivre dans mon bureau ?

Konda se leva lentement, se cachant pas son manque d’envie de suivre le consul ajdoint. A aucun moyen, il ne le regarda dans les yeux.

Une fois au plateau consulaire, Faverges les appela chacun par leur nom :

— Atsumi, Murakami, Fujisaki et Yamamoto. Dans mon bureau.

Seul Yamamoto toujours fringant et plein d’énergie s’était déjà levé. Les autres suivirent Konda du même pas lent. Il n’y avait pas assez de sièges pour s’asseoir dans le bureau exigue du consul adjoint. Yamamoto apporta une troisième chaise pour Fujisaki et les deux hommes restèrent debout derrière leurs collègues. Faverges les regardait faire. Il savait qu’il était testé et que tout ce petit cirque n’avait lieu que pour lui faire perdre patience. Il attendit que tout le monde fut attentif pour parler.

— Est-ce que vous avez appelé l’ambassadeur ?

Personne ne répondit.

— Konda, avez-vous appelé l’ambassadeur ?

— Comme tous les jours, pourquoi ?

— Avez-vous appelé l’ambassadeur à propos d’une éventuelle fermeture du consulat d’Osaka ?

— Parce que le consulat va fermer ?

— Répondez à ma question. Avez-vous appelé l’ambassadeur à propos d’une éventuelle fermeture du consulat d’Osaka ?

— Est-ce que le consulat va fermer ? renchérit Atsumi.

Un chœur de « hum » se fit entendre. Murakami et Fujisaki s’étaient tournées vers leur aînée et approuvaient de la tête sa question. Tout le monde se tourna vers Faverges qui se sentit en sous-nombre.

Il se demanda un instant s’il avait eu raison de les faire venir tous ensemble dans son minuscule bureau. Non, bien sûr qu’il avait tort de faire cela. Ce n’est pas mon job mais celui du consul général. Bon sang ! Il lui fallait trouver un autre angle d’attaque sinon ils risquaient de tourner en rond.

— Le consulat ne va pas fermer. Je ne peux pas prouver que quelque chose n’existe pas si cette chose n’existe pas. Pas de fermeture.

— Pourquoi vous accrochez-vous à cette formulation « le consulat ne va pas fermer ». Pourquoi est-il si difficile de dire : « le consulat va rester ouvert » ? répliqua acerbement Konda.

— Mais il est ouvert ! Que voulez-vous de plus ?

— Qu’il le reste !!

Cela ne servait à rien d’argumenter. Ils n’avaient plus confiance en lui. Il avait besoin qu’une personne plus haut placée dans l’organigramme prenne la relève, mais qui ?

— Vous ne me croyez pas. Dans ce cas, je vais appeler Tokyo. Je vais déranger l’ambassadeur pour rien. Vous savez ce que cela signifie de déranger l’ambassadeur pour rien ? Vous voulez vous faire mal voir de l’ambassadeur, c’est ça ?

— Vous l’appelez ou nous l’appellerons à nouveau, fit Konda.

— Je m’en occupe…

Faverges eut l’idée de faire pression sur Cusseaud pour qu’il intervienne. C’était son consulat. A lui de gérer la crise. 

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