Sa Majesté chez les Nippons [Épisode 2]

 

Pierre-Victor Cusseaud venait d’être nommé consul général à Osaka, la capitale du Kansai et la deuxième plus grande ville du Japon.

Haut fonctionnaire du ministère des Finances, de l’économie, des grandes et petites entreprises, du commerce extérieur et de l’artisanat, il avait réussi à décrocher une position de diplomate, son « hochet » pour services rendus, le petit plus avant le départ mérité à la retraite. Il devait faire subir une cure d’amaigrissement au consulat qui coûtait beaucoup trop cher aux contribuables.

La diplomatie française disposait alors d’une mosaïque de légations diplomatiques dispersées dans le monde entier, au moins autant que les États-Unis à la différence qu’elle n’avait plus les moyens de les financer. Il fallait réduire la voilure et, pour cela, PVC était un expert. Pour le convaincre, on lui avait fait miroiter un futur poste aux Etats-Unis et il avait accepté peut-être un peu trop rapidement.

Il avait sa petite idée pour la cure d’amaigrissement et, en bon bureaucrate qu’il était, il l’avait exposé à ses chefs qui l’avaient trouvée excellente. Il avait suggéré, tout d’abord, de rassurer les employés de la chancellerie que cette dernière allait perdurer et leur offrir un marché : diminuer les charges de fonctionnement afin d’en garantir la pérennité.

Il était fier de son plan d’autant que, au cours de sa longue carrière, il avait acquis une expérience certaine dans le domaine des ressources humaines. On faisait toujours appel à lui pour dégraisser un service et il savait qu’il était le meilleur pour cela. Il aimait par-dessus tout partir à la chasse au gaspillage, annihiler le désordre, exterminer tous ces parasites qui infestaient la noble administration française.

Alors que les lumières à bord commençaient à s’estomper pour permettre aux passagers de dormir, il alluma la sienne et celle de la place à côté, provoquant par la même occasion un petit grognement du passager installé derrière lui, afin de fignoler sa stratégie d’« élimination ».

Comme tout bon chasseur, il se devait d’étudier sa proie, l’épier tout en reconnaissant le terrain, identifier les faiblesses des uns pour les broyer plus facilement, découvrir les inimités les plus fortes pour les attiser et, surtout, affirmer sa suprématie en tant que chef, montrer qui gouverne le navire. Si l’autorité du capitaine est bien établie, les moussaillons le suivront joyeusement jusqu’en enfer.

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Tous droits réservés © Lou Berthiault pour Aventure Japon