Le 7 février 1885 décède Iwasaki Yatarô 岩崎弥太郎 (1835-1885), fondateur du conglomérat Mitsubishi, Mitsubishi Zaibutsu 三菱財閥.
Il est considéré comme l'emblème du « despotisme du chef d'entreprise », shachô sensei shugi 社長専制主義.
Originaire du domaine de Tosa 土佐藩 et fils de fermier, Iwasaki obtient une position au sein de l'administration du fief à l'âge de 20 ans en achetant le statut de gôshi 郷士 (le rang le plus bas des samurai 侍 de province).
Il intègre alors le bureau de la promotion industrielle, Kaiseikan 開成館, de Tosa et il est envoyé en 1867 à Nagasaki 長崎 pour renégocier la dette importante que le domaine a accumulée en raison d'un grand nombre d'achat d'armes.
Iwasaki réussit à refinancer la dette en empruntant 300.000 ryô 両 d'un marchand américain en échange des droits exclusifs sur le commerce du camphre produit dans le domaine.
Son abilité dans la négociation, à la limite de la corruption, fait de lui le responsable des finances de la province.
Lorsque les fiefs seigneuriaux sont abolis en 1871, l'administration de Tosa se retire de toutes activités commerciales et choisit Iwasaki pour reprendre les anciennes entreprises sous contrôle du domaine. Il aurait reçu une flotte de 11 navires, 230.000 ryô 両 en argent liquide et tous les droits sur le commerce du camphre, du thé, de la soie, du bois et des mines de charbon.
Iwasaki entreprend alors d'acheter des navires vendus par d'autres domaines et par des marchands étrangers. Mais les profits sont négligeables comparé à ce qu'il gagne en convertissant les lettres de change du domaine dans la nouvelle monnaie papier du gouvernement de Meiji, les dajôkan satsu 太政官札.
En 1873, Iwasaki fonde la compagnie de commerce Mitsubishi shôkai 三菱商会 spécialisée dans le transport maritime. En menant une politique de dumping sur les prix, il élimine tous ses concurrents et s'enrichit rapidement en fournissant transports et en approvisionnant fournitures et ravitaillement aux troupes gouvernementales lors de l'expédition de Taïwan en 1874, Taiwan shuppei 台湾出兵.
Au milieu des années 1870, ses navires relient le Japon à Shanghai et en 1876, il parvient à évincer la compagnie britannique P&O, Peninsular and Oriental Navigation Company, de la route maritime Yokohama-Shanghai.
Une nouvelle guerre, la rébellion de Satsuma en 1877, Seinan sensô 西南戦争, lui permet de faire d'importants bénéfices.
A cette date, il possède plus de 80% de l'ensemble de la flotte japonaise et, malgré une tentative ratée de la compagnie Mitsui 三井 d'investir dans le transport maritime pour lui faire concurrence en 1882, il se diversifie dans les mines (la mine de cuivre de Yoshioka en 1873 et la mine de charbon de Takashima, Takashima tankô 高島炭坑, en 1881), la banque, l'assurance, les entrepôts et la construction navale.
Mitsubishi devient alors le second plus important conglomérats industriel et financier, zaibatsu 財閥, du pays, à l'avant-garde de l'industrialisation rapide du Japon.