Sa Majesté chez les Nippons [Épisode 89]

 

Tout se passait au mieux mais il arrive qu’un clapot, une fois qu’il rencontre un obstacle, renvoie invariablement une nouvelle onde dans une direction opposée; une nouvelle onde amplifiée.

Ce que le Quai d’Orsay n’avait pas envisagé se produisit alors.

Le président américain était alors en visite officielle à Paris. Il arrivait du Japon où il avait passé un moment extraordinaire.

— Vous savez, dit-il à son homologue français lors d’un dîner officiel, tout le monde pense que le Japon est un pays fini. Je n’en crois rien. Ce que j’ai vu là-bas est incroyable. J’ai su que vous fermiez votre consulat à Osaka. Croyez-moi, c’est une erreur !

Et le Président de la République, piqué au vif par cette remarque, convia son conseiller diplomatique pour l’Asie à se soucier de l’importance du Japon dans les relations diplomatiques avec la France. Ce dernier, voulant faire plaisir à son grand chef, fit preuve d’un zèle remarquable en contactant lui-même le directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères. Ce dernier appela son propre conseiller Asie qui était dubitatif quant à l’importance d’avoir deux consulats au Japon mais l’Elysée avait entre-temps appelé Bercy au sujet du Japon et, compte tenu de la rivalité aussi mesquine qu’injustifiée entre les Finances et de la Diplomatie, un rapport plus qu’élogieux sur l’économie japonaise du Kansai et sur les opportunités merveilleuses que la région offrait en matière de coopération avec les sociétés françaises fut alors remis au Président de la République en personne.

Ordre fut alors donné à Tokyo de trouver un moyen de conserver un poste diplomatique à Osaka car il en allait désormais de la grandeur de la France dans cette partie du monde.

Seulement, la fermeture de la représentation consulaire était déjà consumée. Le bail avait été résilié et les meubles mis au rebut. Atsumi et Murakami étaient parties en préretraite. Fujisaki avait trouvé un autre travail, Yamamoto conduisait le directeur de l’institut français de Kyoto et Konda s’était reconverti dans le professorat en attendant mieux.

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Tous droits réservés © Lou Berthiault pour Aventure Japon