Sa Majesté chez les Nippons [Épisode 71]

 

— Monsieur le consul général ? Vous désirez me parler ? demanda Faverges après être entré dans le bureau du consul.

Cusseaud était tout sourire, limite chaleureux. Quelque chose ne va pas, se dit Faverges.

— Mais asseyez-vous donc, fit Pierre-Victor en lui montrant une des chaises devant son bureau.

Faverges resta silencieux. Le consul continua d’un ton mielleux :

— Tout se passe au mieux ?

— C’est-à-dire ?

— Vous n’avez pas de problème pour prendre la suite de Madame Tatin ? Vos subordonnés sont coopératifs, j’espère.

— Tout se passe au mieux, Monsieur le consul général.

— Alors, expliquez-moi pourquoi j’ai reçu ce matin même un appel de notre ambassadeur. Vos subordonnés ont osé déranger l’ambassadeur à propos de la soi-disant fermeture du consulat ? cria Kuso en tapant du poing sur son bureau.

Faverges comprit de suite : Murakami et les autres avaient osé appeler Tokyo pour se renseigner. Il allait devoir s’occuper d’eux, du consul et de l’ambassadeur. Quelle plaie, se dit-il. Je vais perdre du temps inutilement à cause de ces imbéciles. Bon, commençons par le commencement : occupons-nous du kuso général. Il faut le neutraliser celui-là, c’est un toxique, il peut être très dangereux.

— Je ne suis pas au courant. Le mieux serait de faire une réunion avec l’ensemble du consulat pour mettre les choses au point.

— C’est votre problème. Je ne veux rien à voir à faire avec cette histoire, grimaça PVC.

— Mais vous êtes consul général. C’est votre consulat.

— Je ne sais pas ce que vous leur avez dit mais vous avez merdé. C’est votre problème. C’est votre merde ! A vous de vous débrouiller.

Bon, se dit Faverges. Je vais m’en occuper puisque Monsieur Merde, ici présent et dont c’est le consulat, ne veut pas se salir les mains. Il savait qu’une réunion avec lui et le pantin qui faisait office de diplomate aurait eu plus d’impact mais il n’avait pas le choix. Il eut une idée. Autant essayer, je ne perds rien à le faire.

— J’appelle Tokyo pour leur dire que je m’en occupe.

Faverges observait Kuso : ce dernier marqua un temps d’arrêt mais il se reprit rapidement. On lui avait fait le coup tellement souvent qu’il se doutait bien que Faverges bluffait. De toute façon, il n’en avait plus rien à faire de l’ambassade.

— Vous laissez Tokyo en dehors de cela. Vous allez les voir, vous mettez les choses au point et vous me faîtes un rapport. C’est à moi de prévenir Tokyo, à moi seul.

Si tu crois que je vais te laisser appeler Tokyo tout seul de ton côté, tu te mets un doigt dans l’œil, connard ! pensa Faverges. Il avait bien l’intention de couvrir ses arrières et de ne pas se laisser écraser entre ce consul d’opérette et l’ambassade. Il répondit tout en se levant :

— Je m’en occupe de suite et je vous tiens au courant.

— C’est ça. Occupez-vous en ! fit Kuso en agitant la main comme à un gosse turbulent dont on veut se débarrasser. 

      Épisode suivantÉpisode précédent

 

 

 

Tous droits réservés © Lou Berthiault pour Aventure Japon